La foi peut s’exprimer de différentes façons. Il peut s’agir d’un courant de pensée, d’une religion, d’une conviction en quelque chose. Mais en général, quand on parle de foi, on fait, le plus souvent, allusion à la religion. Il existe plusieurs religions, et chacune d’entre elles a sa propre identité.
Cependant, certaines d’entre elles présentent de nombreuses similitudes, à l’instar des religions juive et chrétienne. Ces deux religions sont liées par une histoire, mais laquelle ? Si vous êtes intrigué par cette histoire, venez donc la découvrir à travers cet article.
Le début de l’histoire entre juif et chrétien
Pour toute personne ayant quelques connaissances bibliques, nul n’est sans savoir que les apôtres de Jésus étaient, pour la plupart, originaires ou résidants en Palestine. Et à l’époque de la Palestine du 1er siècle, ses habitants étaient juifs. Quelques anomalies furent enregistrées, notamment avec certains disciples du Galiléen qui ont voulu marquer une démarcation avec le judaïsme pour, ensuite, faire émerger une religion qui leur serait propre.
Ce changement ne se fit pas sur un coup de tête et mit du temps à se mettre en place. Le moment précis de cette soudaine séparation n’est pas très explicite et n’est pas connu de tous. Pour en démêler les noeuds, plusieurs spécialistes se sont penchés sur la question afin d’apporter des éclaircissements sur cette histoire.
Jésus est-il juif ou chrétien ?
Il ne s’agit pas de déterminer si l’une de ces religions est plus légitime qu’une autre. La vraie préoccupation est de comprendre quels étaient les éléments qui ont conduit à cette division. « La présentation de Jésus au Temple de Jérusalem », ce moment de la vie de Jésus est célébré par les chrétiens pourtant.
Si vous n’avez pas compris la nuance, c’est une façon de vous montrer l’ironie de l’histoire. Jésus, qui est le protagoniste principal de la religion chrétienne, n’en est pas le créateur, puisque ce dernier était juif. Il en va de même pour ses apôtres. Ce détail conduit à se poser certaines questions.
Quel fut l’élément déclencheur de cette scission ente la religion juive et chrétienne ? Plusieurs approches ont été explorées pour apporter des réponses sur cette séparation. La première consistait à prendre pour référence la vie de Jésus et le conflit qui opposa les Juifs et les Romains. La seconde approche tient compte d’une multitude d’évènements qui, à première vue, semblant anodins, seraient à l’origine de cette rupture.
Qui sont les « Craignant-Dieu » ?
Pour découvrir les raisons qui ont conduit à l’émergence du christianisme, un grand nombre de points devront être analysés pour arriver à une conclusion. Pour ce faire, il sera nécessaire d’analyser le comportement ou encore le parcours des personnes qui gravitaient autour de Jésus. Pour simplifier, il faudra passer au crible les personnes qui furent séduites par les paroles de Jésus et qui décidèrent de le suivre.
En suivant cette logique, deux groupes de personnes apparaissent. Les premiers étaient les juifs et les seconds furent les « Craignant-Dieu ». Pour expliquer, ceux que l’on appelle les « Craignant-Dieu » étaient, en fait, des non-juifs. Il s’agissait de païens généralement grecs ou encore romains. Ces derniers s’ouvrirent peu à peu au judaïsme à travers les paroles de Jésus et de ses apôtres.
Ce fut là un premier changement notable dans la religion juive, car les premiers disciples du Galiléen n’étaient plus les seuls à accorder foi et créance aux paroles de Jésus et de ses apôtres. La communauté juive a donc subi une mutation avec l’assimilation des néo-convertis grecs et romains. Ce fut le son de cloche qui marqua l’ascension de la religion juive, mais également le début d’une friction interne.
Les prémisses d’une confusion des religions
Le nombre d’adeptes ne fait que croitre d’année en année au point de s’implanter au-delà des contrées. C’est le cas avec la multiplication des synagogues à Rome. Mais, cet engouement a eu pour effet de créer une distinction entre les adeptes. C’est ce qui est expliqué par Christian-Bernard Amphoux, philosophe et auteur, qui donne des explications dans son ouvrage « Jésus de l’histoire : sous le voile du sens apparent ».
Pour résumer ses dires, les chrétiens sont perçus comme des personnes qui font fi de la sagesse. Mais, le problème ne s’arrête pas là. Toute la confusion qui les entoure fait qu’il est devenu difficile de faire une distinction entre juifs et chrétiens. Si, durant longtemps, cela relevait du casse-tête de distinguer les deux religions, un évènement bouleversera totalement le cours de l’histoire de ces deux religions.
Le monde juif en guerre contre Rome
Le conflit qui opposa Rome et les juifs fut un épisode marquant de l’histoire. Cet affrontement fut une tragédie pour le monde juif qui, en plus de perdre la bataille, se vit toucher dans sa fierté et ses croyances. Entre l’an 66 et 70, la guerre battait son plein et le moment décisif de l’affrontement qui les opposait fut la prise de Jérusalem par les Romains.
L’histoire ne s’arrête pas là, puisque non satisfaits d’avoir remporté la guerre, les Romains détruisirent également le temple de Jérusalem, ce lieu qui représentait le coeur même de la religion juive. Ce fut le coup de grâce pour le judaïsme. Beaucoup considèrent cet incident comme le jour de la naissance de la religion chrétienne.
C’est à ce moment que les chrétiens décidèrent de défaire tout lien avec le judaïsme et de s’émanciper comme une religion à part entière, notamment avec la rédaction de leurs propres évangiles.
La rupture entre juifs et chrétiens
On pourrait penser que l’histoire s’achève au lendemain de la destruction du temps des juifs à Jérusalem au bout d’une guerre qui aura duré trois ans. Mais, tout le monde n’est pas de cet avis. C’est le cas de Régis Burnet, historien des religions qui y voit une tout autre conclusion.
Selon lui : « On a longtemps dit ça, ça arrangeait tout le monde. Ça donnait une date fondatrice aux chrétiens, mais aussi paradoxalement aux juifs, qui pouvaient dater la naissance du judaïsme rabbinique. Mais le vrai traumatisme, c’est en 135 avec l’expulsion des juifs de Jérusalem, et la construction d’un temple païen sur les ruines de l’ancien Temple ».
La séparation devint inéluctable lors de la seconde guerre qui opposa les juifs aux Romains. Si, lors de la précédente bataille, les chrétiens étaient mis dans le même sac que les juifs, ce ne fut pas le cas lors du conflit de l’an 135. Les protagonistes étaient encore une fois les juifs, menés par « Bar Kokhba », un leader messianique face aux Romains.
Cette bataille ne fut qu’une répétition de la première, et conduisit inexorablement à la défaite des juifs qui, cette fois, se sont vu expulser de leur terre. Au cours de cette guerre, les chrétiens ne se sont pas joints au rang de l’armée de « Bar Kokhba », car ils ne se sentaient pas concerner par les déboires des juifs. C’était donc un désaveu de leur part.
Malgré ce changement soudain, les Romains ne firent pas de distinctions et les expulsèrent tous les deux de Jérusalem. Suite à cette défaite, les deux groupes religieux prient des chemins différents. Les deux guerres de 70 et de 135 ont servi de déclencheur à la séparation entre la religion juive et la religion chrétienne.
Les autres évènements à l’origine de la rupture
Il est vrai que les conflits qui ont opposé les juifs aux Romains en 70 et en 135 ont été un vrai tournant dans la relation entre juifs et chrétiens. Mais, d’autres faits ont peu à peu sonné le divorce entre eux. Et ces changements ne se sont pas faits du jour au lendemain comme on pourrait le croire. Au IVe siècle, l’un des faits marquants était la conversion de l’empereur Constantin au christianisme sur son lit de mort.
Outre cet évènement, les changements se sont opérés progressivement dans différents lieux. Le christianisme se lançait à la conquête de l’Europe, tandis que des pays comme la Syrie étaient en proie à la conquête arabe au VIIe siècle. Le judaïsme subissait une forte répression alors que le christianisme continuait son ascension au sein de l’Empire romain.
On retiendra alors de cette analyse que les positions géographiques ainsi que l’influence de certains néo-convertis feront pencher la balance dans le développement de la religion chrétienne. La rupture s’est donc faite progressivement au fil du temps pour diverses raisons.
La multiplication des écrits chrétiens
Comme cela a été mentionné, la religion chrétienne a connu une ascension sans précédent après sa rupture avec le judaïsme. Son avancée est tel que ses églises ont germé dans presque tout l’Empire romain, et son influence dans la société ne fit que s’agrandir de jour en jour.
Les personnes influentes telles que des rois et des politiciens de l’époque commençaient à se convertir, et cela conduisait également de nombreuses personnes à emboîter leur pas. À cette même époque, pour étendre la renommée de l’église chrétienne, les évangiles des apôtres de Jésus étaient nombreux. Matthieu, Luc, Marc, Jean, le Nouveau Testament contenait tous les écrits de ses apôtres, et tout le monde y avait accès.
C’était le meilleur moyen pour rependre la parole de Jésus et de ses apôtres. Toutefois, il faut noter que les premiers écrits du christianisme sont plus anciens que le Nouveau Testament. Les premiers textes sont l’oeuvre de Paul de Tarse également connu sous le titre de Saint Paul. Dans certains de ses écrits, certains y voient les prémisses d’une démarcation entre juifs et chrétiens.
La naissance du christianisme
On en revient encore aux écrits de Paul. Dans ses textes, il fait rarement recours au nom de « Jésus » et fait plutôt usage du terme « Christ » pour le présenter. Certains auteurs et historiens des religions y voient un fait important dans le choix du nom de cette religion.
L’expression « chrétiens » est mentionnée pour la première fois pour désigner les apôtres de Jésus dans le chapitre 11 des Actes des Apôtres. L’un des passages qui en font mention dit ceci : « C’est à Antioche que, pour la première fois, les disciples reçurent le nom de chrétiens ».
Au IIe siècle, l’expression était déjà reconnue et définie comme telle pour distinguer les chrétiens des autres juifs, même si à l’époque, c’était une manière injurieuse de les qualifier. Outre le nom, beaucoup d’autres aspects distinguent les deux religions, et c’est le cas pour certains rites.
L’adieu à la circoncision
Les chrétiens ont apporté quelques changements aux rites qu’ils avaient en commun avec le judaïsme. C’était notamment le cas avec la circoncision. Les chrétiens n’ont pas mis longtemps à couper court à la circoncision. Cette décision était pour éviter que cela soit un frein à la conversion des non-juifs.
La circoncision n’était plus de mise pour les baptêmes et d’autres formes de baptêmes. Même si des écrits comme la Torah étaient toujours lus, le fait de renoncer à la circoncision fut également une autre étape dans la rupture. On aurait pu ainsi dire que la circoncision était réservée aux juifs et le baptême réservé au chrétien.
Religion juive et religion chrétienne, de parfaits étrangers
Au fil du temps, les liens qui existaient entre les deux religions ont disparu, et ce, dès le début du Ve siècle. Il était devenu impossible de se proclamer chrétien et de continuer à s’adonner à des pratiques juives. S’il était constaté que certains soient pris sur le fait, ils se verraient d’office traités d’hérétiques. Cela reviendrait à se voir exclure de la société, voire pire.
Toute autre forme de religions était mal perçue, et peu à peu la haine des juifs s’immisçait dans les esprits des chrétiens au point de les persécuter. Les premiers courants de pensée prônant l’antisémitisme avaient déjà commencé à fleurir un peu partout. Ces deux religions, pourtant si liées par leurs origines, ont fini par se diviser.
Conclusion
Après des siècles de lutte acharnée entre ces deux religions pour déterminer celle qui était la plus légitime, cela sonnait comme une évidence, que ce conflit n’avait pas lieu d’être. Au final, la religion juive et la religion chrétienne se sont développées côte à côte avant d’en arriver à une scission, et on ne pourrait omettre le rôle de chacune d’elles dans le développement de l’autre. Des liens très forts les unissent, même si un gouffre s’est creusé à un moment donné entre les deux religions.